Le cas Olivier Py : Main mise sur la culture

Le 18/06/2011

Dans Sorties culturelles

Tension en Coulisses. En Avril, après avoir essuyé un tollé général en ne renouvelant pas le mandat d'Olivier Py à la tête de l'Odéon Théâtre de l'Europe, le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand décide de le nommer directeur du Festival d'Avignon à partir de 2013. Luc Bondy lui succèdera à l'Odéon. Aujourd'hui, le Mag' s'intéresse à ce cas pour plusieurs raisons : le Ministre de la Culture est-il en droit de jouer aux chaises musicales aussi impunément, alors qu'il s'agit d'emplois de personnes humaines ? La Culture est-elle l'affaire de chacun ou seulement de quelques décisionnaires politiques qui tirent les ficelles ?

Théâtre Odéon

Depuis 2007 Olivier Py occupe la place prestigieuse de directeur de l'Odéon Théâtre de l'Europe. Comme c'est un Théâtre National, c'est au Président de la République, par l'intermédiaire du Ministre de la Culture et de la Communication, que revient la tache de le nommer, et de choisir s'il le renouvelle d'un mandat de 3 ans à la fin de celui ci. En 2007, c'était Renaud Donnedieu de Vabres qui le nommait, mais cela a changé et c'est à Frédéric Mitterrand que revient la décision de renouveler ou non le mandat d'Olivier Py. Généralement, il  se fait toujours tacitement si le candidat est méritant et propose un bilan culturel, moral et financier satisfaisant.

Malheureusement pour Olivier Py, et à la stupeur générale, le 10 avril dernier, Frédéric Mitterrand déclare officiellement vouloir mettre Luc Bondy à la tête du Théâtre National en 2012. Tout le paysage culturel s'insurge alors car le directeur n'a pas pas démérité son titre ! Seulement, Olivier Py est un artiste qui n'a pas la langue dans sa poche et use sans ménagement de sa liberté d'expression. Sans pour autant s'attendre au couperet qui attend à présent toute personne irritant sa majesté de la Cour de l'Elysée... (cf. Guillon, Laporte et la "valse des ministres") En effet, la dernière création du metteur en scène n'est autre qu' Adagio, un spectacle controversé, néanmoins passionnant, retraçant les derniers jours du Président de la République François Mitterrand et où M. Sarkozy est gentiment égratigné. Vous ajoutez à cela que le Ministre de la Culture est son neveu, qu'il voue à Olivier Py un ressentiment à peine masqué et bam... l'annonce tombe comme un acte vengeur, écrasant complètement les conventions protocolaires.

Quelques temps plus tard, voyant sa côte de popularité chuter dangereusement chez les acteurs de la culture et craignant d'être sur un siège éjectable, M. le ministre déclare donner à Olivier Py la place de directeur du prestigieux Festival d'Avignon à la fin du mandat d'Hortense Archambault et Vincent Baudriller, en 2013. Une solution de secours qui s'appelle l'instinct de survie ! Mais c'est d'une maladresse inégalable ! Comment peut-on impunément jouer avec les emplois de personnes comme s'il s'agissait de vulgaires pions dans un jeu ? Pour de simples problèmes d'égo en plus !

Alors, c'est vrai, Olivier Py est maintenant très content de pouvoir s'atteler à son projet de festival et il nous tarde de contempler la nouvelle direction que cet évènement va prendre. Mais cette nomination est entachée de décisions politiques et inhumaines allant à l'encontre de la valeur première du spectacle vivant : la liberté d'expression artistique. Allons nous toujours être tributaire des caprices d'une poignée de dirigeants n'ayant pas une once de juste réflexion sur la réalité de l'Art et la Culture ? A ce terrible constat, nous souhaitons bonne chance au successeur d'Olivier Py, le talentueux Luc Bondy.