Deezer / Universal / Hadopi : les artistes défendus ?

Le 14/06/2011

Dans Sorties culturelles

Mardi, 9h. Revue de presse-web du week end de Pentecôte. Actualité musicale. "Universal porte plainte contre Deezer" "La fin du Jukebox gratuit en ligne?" (Rue 89) Autre sujet connexe : Hadopi, le Label pur : "Hadopi perdue en naze campagne." (ecrans.fr site de Libération) Le moins que l'on puisse dire, c'est que le climat de tension est à son comble entre les internautes d'un côté, et les majors, ainsi que la Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des droits sur Internet, de l'autre. Le Mag' analyse aujourd'hui la situation. D'ores et déjà, ce sont les artistes qui se trouvent coincés au milieu du ring.

Source : le blog du net

L'affaire Universal / Deezer : la fin de l'écoute en ligne gratuite et illimitée ?

Alors qu'il y a un an le major Universal Music reconnaissait en Deezer une plateforme respectable servant à la promotion d'artistes, et donc à sa rémunération, aujourd'hui il repart en guerre pour "contrefaçon." Selon Pascal Nègre, PDG d'Universal France, la plateforme aurait diffusé gratuitement le catalogue de la maison de disques alors que l'accord d'exploitation n'a pas été renouvelé depuis le mois de Janvier. Deezer se défend en affirmant qu'ils ont réduit la possibilité d'écoute gratuite à 5h par mois pour les utilisateurs non-abonnés.

Seulement, Universal veut que Deezer change de politique en se référant à son homologue suédois Spotify qui limite le nombre d'écoutes d'un même titre. Pascal Nègre considère que 4 écoutes d'un titre musical suffit amplement à l'internaute pour le décider à acheter l'album. Ainsi, il menace la plateforme de retirer purement et simplement tous les contenus de la maison de disques si ses conditions ne sont pas acceptées...

Et dans tout cela, que dit le jeune artiste tout-nouveau-tout-beau qui vient juste de mettre son contenu sur Deezer en espérant seulement être entendu par un potentiel de plusieurs milliers d'internautes ? Le problème est qu'en retirant les produits dits mainstream (les gros Hits internationaux qui "plaisent à tout le monde") de Deezer, la popularité du site va en prendre un coup, pour ne pas dire être déserté. Adieu donc la découverte de ce nouvel artiste si prometteur... Tout ça pour quoi, M. Nègre ? Parce que, selon Sa Majesté des Majors, la gratuité musicale ne donne pas à Lady Gaga les milliers de dollars supplémentaires qu'elle est "censée" obtenir, alors qu'elle n'en a définitivement pas besoin ? Par contre, vous laver les mains devant l'agonie de talentueux jeunes artistes, c'est bien plus profitable considérant votre "sacro-saint manque à gagner" !

Et comme toujours, l'internaute serait tout d'abord un potentiel voleur avant d'être un simple mélomane à la conquête de sa propre culture musicale. Quelqu'un qui télécharge ou copie illégalement une œuvre n'achète jamais, le contraire est impensable....

Cela étant, cet esprit contradictoire est tout à fait logique quand on sait qu'il soutient à 100% Hadopi, chargé de répression des internautes-voleurs-d'oeuvres d'art... Autrement dit, chargé de la chasse au téléchargement illégal qui "tue l'artiste." Hadopi, cette instance qui brule toutes ses (maigres) cartes en créant le label PUR.

Hadopi : la pub de la honte.

Hadopi, en "grand défenseur des arts", souhaite mettre en place le Label PUR (Promotion des Usages Responsables) pour les sites internet qui mettent en place des plateformes de téléchargement légal et qui, de ce fait, soutiennent les artistes asphyxiés par le grand démon du téléchargement underground, streaming, direct download et autres vols impunis. Cela aurait pu passer si on n'avait pas eu droit à la campagne de publicité la plus suicidaire de tous les temps ! Voyez plutôt cette pub "futuriste" qui nous donne un avant gout de ce que le Ministère de la Culture et de la Communication considère comme des contenus artistiques à protéger...

http://www.youtube.com/watch?v=3WfdBQhGBgU&feature=player_embedded

Une jeune fille aguicheuse taillée au Photoshop se trémoussant vulgairement à coté de la piscine "chantant" sur un tube électro-soupe... Ce serait donc ça, le futur rêvé de cette mignonne petite fille innocente qui chante avec son micro de princesse rose fushia ? Un rêve gentiment préservé et concrétisé grâce au Label Pur ? Il n'y aurait pas comme un problème dans l'énoncé, là ??

Hadopi, tellement impopulaire depuis sa création, met l'argent du contribuable dans une publicité aussi grossière et totalement irrécupérable... Il y a un terme qui existe sur Internet pour nommer cet échec en puissance : un epic fail. Là, ils sont champion... pour nous faire rire jaune. Par ailleurs, il y a des créateurs sur Internet que devrait soutenir cette Haute autorité, ils sont excellents dans le détournement humoristique d'affiches de propagande.. euh.. de publicité.

Mais qui protège et défend vraiment les intérêts des artistes ?

Entre les tentatives des majors pour quasi détruire l'écoute gratuite de musique en ligne et la tentative ratée d'Hadopi pour faire croire que l'on détruit l'art à force de télécharger, les premiers qui trinquent sont évidemment les artistes. En qui faut-il qu'ils placent leur confiance, si les majors ne voient au final que leur intérêt avant celui de la pérennité de l'œuvre de l'artiste ? Il faut aussi que les majors sachent, une bonne fois pour toute, qu'ils ne sont plus les rois et que les amateurs de musiques sont à présent les seuls à décider de ce qu'ils veulent écouter. Ce ne sont plus les maisons de disques qui choisissent les stars mais bien les mélomanes, et maintenant ils sont tous sur Internet et ne veulent plus payer pour ce qu'ils ne considèrent pas comme de l'Art. En vérité ce sont eux les vrais garants de la pérennité d'un artiste, les vrais garants de sa valeur. Le tout est de faire confiance en leur passion pour la musique et de répondre à leur demande de manière économiquement juste.

Téléchargement ou non, un véritable talent sait sortir de l'ombre et vivre de ses œuvres. Le téléchargement illégal n'est pas plus dangereux que l'enregistrement de titres sur une cassette audio, c'est juste les supports qui ont changé à grande vitesse. Plutôt que d'avouer leur échec par leur ignorance des nouvelles utilisations d'Internet des usagers, ils ont préféré brandir le bouclier du droit d'auteur, sanctionner et diaboliser l'internaute au lieu d'évoluer avec leurs nouvelles pratiques culturelles. En définitive, ils sont rentrés dans une guerre ouverte qu'ils ne peuvent maitriser et les hostilités seront telles que l'on préfère entrer en résistance en s'exilant sur Youtube, encore épargnée par le phénomène répressif français, que de se ranger à leur côté. Combien de temps avant cette fameuse licence globale ?

Maintenant pour trouver de la musique gratuite, il reste la fête de la musique, le 21 Juin. Là, tous les groupes amateurs et professionnels ont droit à cette journée pour chanter, jouer des morceaux sans être sanctionné pour atteinte à la propriété intellectuelle. Comme quoi, on est toujours libre d'écouter et jouer gratuitement la musique que l'on désire.