Rencontre avec Les Pompières-Poétesses

Le 25/06/2014

Dans Sorties culturelles

Du 5 au 25 juillet, Les Pompières-Poétesses seront au Centre de la Poésie à Avignon pour le festival OFF. On ne fait pas référence ici à des soldats du feu qui s'essayeraient aux alexandrins, mais plutôt à de brillantes comédiennes souhaitant raviver la flamme de la poésie avec un spectacle original et ludique. On a discuté avec la première pompière, Juliette Allauzen, pour en savoir plus sur ce projet.

Pompieres poetesses

Salvateur, vecteur de lien social, source d'évasion et d'émotion : Les Pompières-Poétesses ne tarissent pas d'éloges quand elles parlent de l'art des mots. Et des mots, elles en font vraiment tout en art. Au cours du spectacle, des poèmes de Jacques Prévert, d'Arthur Rimbaud ou encore d'Emily Dickinson sont dits (ou chantés) par un duo de comédiennes, qui interprète les vers de manière fantaisiste. Le tout avec la participation du public qui choisit un auteur grâce à un jeu de carte, selon le nom du poète ou une illustration. Les Pompières-Poétesses est donc un véritable moment d'échange et de partage autour de la poésie et entre les artistes et le public, de tout âge.

Le spectacle des Pompières-Poétesses existe depuis maintenant 2 ans et au fil des mois, le projet n'a cessé de grandir, avec des interventions de plus en plus diversifiées, dans des théâtres, des écoles, des hôpitaux, mais aussi dans des lieux du quotidien comme des laveries automatiques ou des boulangeries. Sans oublier bien entendu Avignon et son festival OFF. Du 5 au 25 juillet 2014, le spectacle se jouera au Centre européen de la Poésie. Juliette Allauzen nous parle de cet événement.

Vous êtes la fondatrice des Pompières-Poétesses, comment vous est venue cette idée et comment s'est déroulée la création du spectacle?

Quand j’ai appris que le ministère de la Culture et le ministère de la Santé se réunissaient pour créer des événements, j'ai imaginé l'identité d'un personnage dans lequel se mêleraient l’imaginaire de la santé et celui de la culture. C’est ainsi que m'est apparue l'image familière et bienveillante des pompiers qui peuvent intervenir partout à toutes heures, dans l'urgence ... Et la poésie pourrait caractériser la culture. Quand on ne la lit pas, on peut la découvrir sur scène mais généralement on l'imagine austère, dite sur plateau nu par un comédien habillé en noir ... Ces oppositions ont marqué la naissance des Pompières-Poétesses dont l’esthétique mêle les attributs du troubadour et des premiers secours.

Les Pompières-Poétesses est avant tout un concept. Je voulais créer un spectacle qui s'adapte à tous les lieux, léger, avec lequel on pourrait se déplacer en transport en commun. Je voulais revenir à une forme simple : un texte, deux comédiennes et le plaisir du jeu. Jongler avec l'imaginaire et la crétinerie, l'humour ! C'est important de faire entendre la poésie sans se prendre au sérieux. Ce projet réuni mon amour du texte et du clown, du cabaret.

Enfin, c'est aussi un concept parce qu'on est quatre comédiennes à tourner sur les dates. C'était essentiel pour moi que chacune puisse concilier sa vie de comédienne et de femme. Les poèmes choisis changent à chaque fois selon les situations, les duos … On est donc souvent en création ! Aussi, les spectateurs qui nous ont vu au festival l'été dernier, peuvent revenir, ils découvriront un autre spectacle !

Comment trouve-t-on l'inspiration quand il s'agit d'interpréter un poème ? C'est un ressenti, une analyse, une évidence ?

Cela dépend de l'auteur, certains sont très techniques. Ensuite, comme on interpréte les poèmes, on les rend concrets, c'est même notre enjeu de comédiennes ! Ce qui est agréable aussi c'est qu'au fur et à mesure de la représentation, les poèmes qui vont être dits sont chargés des textes précédents. Enfin, chaque comédienne a "son" poète, pour lequel elle porte une affection privilégiée, et pour lequel il y a une évidence entre l'énergie de l'écriture et celui de l'interprète. Comme on est quatre personnalités très différentes, ce sont quatre auteurs qui n'ont a priori aucun point commun entre eux !

Quel est votre poème et/ou votre poète préféré ?

Que c'est difficile de n'en choisir qu'un ! J'aime le surréalisme de Gisèle Prassinos, les paroles d'amour de René Guy Cadou, l'esprit de Youna Moritz. Je regrette d'ailleurs qu'elle ne soit pas plus traduite en français, j'aimerais beaucoup que l'on puisse traduire ses textes pour en dire.

Et comme poème en ce moment, il me plaît Le Bain de soleil de Jacques Prévert :

"La salle de bains est fermée à clef
Le soleil entre par la fenêtre
et il se baigne dans la baignoire
et il se frotte avec le savon
et le savon pleure
il a du soleil dans l’œil."

Les Pompières-Poétesses se sont déjà produites au OFF d'Avignon l'année dernière. Pouvez-vous décrire l'ambiance de ce festival pour un comédien ?

C'est un avantage d'avoir une longue série de dates, mais c'est un marathon ! Tous les jours en plus de jouer, on doit communiquer sur le spectacle. Pour cela on affiche, on tracte. Beaucoup de personnes ont un a priori et pensent que cela n'est pas pour eux et n'osent pas venir voir un spectacle de poésie. Donc les parades sont importantes pour donner envie aux gens de venir. Comme il y a plusieurs représentations qui sont proposées dans un même lieu, il faut installer l'espace avec tous les éléments, et à l'issue de la représentation désinstaller rapidement pour le spectacle qui va suivre. Enfin, il ne faut pas non plus oublier notre travail de comédiennes, donc prendre le temps de s'échauffer le corps, la voix et nos instruments de musique !

Les Pompières-Poétesses ont-elles des projets pour l'avenir ?

Oui, on va jouer à partir du 20 septembre jusqu'au 27 décembre 2014 tous les samedis à 17h au Théâtre de Poche Montparnasse. Ensuite, j'aimerais bien que l'on joue dans une caserne de pompier ! Dire des poèmes au public tout en haut d'une échelle !

Vous voulez assister à une représentation des Pompières-Poétesses à Avignon ? Tentez votre chance et gagnez des places pour le spectacle sur la page Facebook ou le compte Twitter d'Agenda Culturel.